Histoire et patrimoine
La commune d’Allouagne compte près de 3000 habitants. Village de la Morinie, sur son territoire coule un des affluents de la Nave, nommé le Grand Nocq.
Allouagne s’étend sur 783 ha et est situé à 10 kms de Béthune et à 5 kms de Lillers, à proximité de l’autoroute A26. En traversant Allouagne, vous pourrez remarquer :
- L’ancien château d’Alincourt, siège de l’actuelle Mairie
- L’église Saint-Léger datant du début du siècle dernier qui conserve précieusement la relique de la Sainte Larme (dont le pèlerinage a lieu chaque année le 21 juin, pendant plusieurs jours)
- Les fonts baptismaux en grès armorié du XVIè siècle
- La chapelle Notre Dame de Lourdes.
De la maternelle au primaire, l’enseignement de nos enfants est assuré par deux écoles publiques et une école privée. Un service de garderie et de cantine est proposé aux parents. De la 6e à la terminale, les enfants d’Allouagne peuvent s’inscrire aux collèges et lycées de Lillers.
Pas besoin de sortir du village pour trouver :
- Une poste
- Des commerces, boulangeries, supermarché, pharmacie, salon de coiffure, tabac-presse, fleuriste, café, ventes à la ferme.
- Plusieurs médecins, infirmières, kinésithérapeutes, pédicure,
- orthophoniste, sophrologues, reflexologue.
A l’occasion de la ducasse, les familles se réunissent pour manger un bon morceau de tarte « au lait bouilli » comme autrefois.
La ducasse a toujours lieu au printemps, le deuxième dimanche après Pâques.
Pendant cette fête communale, de nombreuses manifestations sont proposées au public.
Un autre temps fort de la vie communale c’est la fête du 14 juillet qui se tient dans le parc de la mairie où toute la journée des jeux et des spectacles sont offerts aux familles. La journée se termine par le feu d’artifice et un bal en plein air.
Dans notre village, la vie associative est très intense, de nombreuses activités culturelles et sportives sont proposées. On recense actuellement une trentaine d’associations dont vous trouverez les coordonnées sur ce site.
La salle de sports, inaugurée en 1995, porte le nom « Etienne Laisné », ancien marcheur natif d’Allouagne, sélectionné aux Jeux Olympiques en 1936 et recordman de l’heure.
De nombreux sentiers pédestres permettent aux amateurs de découvrir les charmes de notre village et de ses alentours.
Si les traces d’une école à Allouagne remontent à 1725, jusqu’à la moitié du XIXème siècle l’instituteur accueillait les élèves dans sa maison. Ainsi en 1847, un rapport d’inspection décrit la classe de l’instituteur Albert Lanvin comme étant la plus grande du logement (7.60×4.40m) avec un plafond bas que le maître atteint facilement en levant le bras. Il y fait sombre et humide, cette classe accueille 170 élèves ! Cette école étant déclarée insalubre, la municipalité est sommée par les autorités de construire d’urgence une « maison d’école ».
Ce qui sera fait… 18 ans plus tard après de nombreux rappels de la sous-préfecture.
Ainsi une première école des filles est ouverte en 1866, c’est l’actuelle école Dolto. Cette construction sera suivie en 1869 de l’ouverture de l’école des garçons dont l’étage sera occupé par la mairie, c’est le bâtiment qui porte toujours l’inscription Mairie sur la façade. La Mairie restera là pendant plus d’un siècle.
Ainsi à partir de 1869, les garçons sont séparés des filles : l’école des garçons compte une classe unique de 90 élèves, et l’école des filles compte une classe de 80 élèves.
A l’ouverture des Houillères, la population du village augmente rapidement, et dans chaque école la salle unique sera divisée en deux classes.
Bien que l’école soit une école communale laïque, ce sont deux religieuses, Sœur Séraphine et sœur Colombe qui assurent l’instruction des filles. Elles resteront 30 ans en poste jusqu’en 1902.
Les effectifs continuent d’augmenter et les bâtiments vont subir plusieurs phases d’agrandissement.
L’école des garçons, actuelle école Monnet sera agrandie en 1883 pour créer une 3ème classe de garçons pour 50 élèves. Cette classe correspond à celle occupée par les CE2 de Madame Leblond dans le même style de briques rouges. Ce sont aujourd’hui les classes de Madame Brajer, Madame Langerot, de Monsieur Adamus et de Madame Giezek.
L’école des garçons comptera alors 5 classes.
Quant à l’école des filles, actuelle école Dolto, un bâtiment à étage de 4 classes sera construit en 1902. Le rez-de-chaussée de ce bâtiment accueille aujourd’hui les classes de Mr Frammery et de Monsieur Delahaye.
La Mairie a déménagé en 1970 après l’acquisition par la commune de la propriété de la famille de l’Orne d’Alincourt.
Vu l’état de délabrement de l’ancienne église et devant la nécessité d’accueillir une population plus nombreuse, un comité présidé par le curé d’alors, l’abbé Deguingatte prit la décision de construire une nouvelle église. La construction s’est déroulée de 1891 à 1893 sur un terrain donné par Emile Duquesne, brasseur, maire de la commune, et son épouse avec la clause expresse que « les bâtiments en construction devront être affectés à perpétuité au culte catholique comme église paroissiale » L’architecte Louis Cordonnier a dirigé les travaux.
Pour un devis de 66.000 francs, les travaux se sont finalement élevés à 65.416,78 francs.
Louis Cordonnier (1854-1940)
Né à Haubourdin (59), il étudie les Beaux-Arts de Paris. Il deviendra membre de l’Institut et sera Officier de la Légion d’Honneur en qualité d’architecte et président de l’Académie des Beaux-Arts, également décoré de titre de Commandeur de l’Ordre de St-Grégoire le Grand, de l’ordre di Christ du Portugal et enfin Officier d’Académie.
Quelques réalisations :
La Basilique Ste Thérèse de Lisieux, l’église St Vaast de Béthune, la basilique ND de Lorette et la lanterne des morts, l’opéra de Lille, la chambre des commerces de Lille, les grands bureaux des Mines de Lens, aujourd’hui université d’Artois, la Cour de Justice Internationale de la Haye des Pays-Bas.
Quatre des beffrois qu’il a dessinés, construits et reconstruits font partie des beffrois classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO comme les Beffrois de Dunkerque, Comines, Armentières.
L’église a été construite en un style Néo-roman, voûte de pleins cintres ; les chapiteaux, tous différents, avec chacun quatre figurines stylisées identiques.
On remarquera aussi les lézards en dessus de piliers.
On ne le voit pas mais on les entend ! L’église a deux cloches, la plus récente a été installée en 1958.
Les fonts baptismaux proviennent de l’ancienne église. La cuve est taillée dans du grès et porte les armes de la famille des seigneurs d’Allouagne, laquelle s’est éteinte dans la première moitié du XVIème siècle, ce qui fait remonter ces fonds baptismaux avant cette période.
Les Confrères
C’est en 1753 que La Confrérie du Très Saint Sacrement a été créée à Allouagne, pour coopérer à l’inhumation des morts, principalement des pauvres et de ceux qui mouraient de maladies contagieuses.
Il faut rappeler qu’au XVIIIème siècle sévissaient parfois des épidémies au cours desquelles, par peur de la contagion, personne n’acceptait d’enterrer les morts. Au fil du temps et des remous de l’histoire, la confrérie a été supprimée puis rétablie à plusieurs reprises.
Et aujourd’hui ? Elle fonctionne toujours. En effet, aujourd’hui les Confrères continuent, sans ostentation, avec assiduité et désintéressement à se tenir au service des autres en aidant à l’inhumation de tous les morts, quelles qu’aient pu être les convictions religieuses de ces derniers.
Les statuts n’ont guère subi de modifications depuis l’origine. Cependant, les Confrères ont voulu que le service rendu par eux soit entièrement gratuit. Ils ont donc supprimé les quêtes faites, auparavant, au profit de leur association. Les offrandes éventuelles sont redistribuées sous forme de dons à des œuvres.
La Sainte Larme
Source : un texte de l’Evangile selon Jean (chap,XI versets 1 à 44)
Jésus apprend la maladie de son ami Lazare, frère de Marthe et de Marie ; il se rend à Béthanie où demeure sa famille. A son arrivée, Lazare est déjà mort et enseveli dans son tombeau depuis quatre jours. Marthe et Marie lui reprochent de ne pas être venu plus tôt pour le guérir ; il se fait conduire au tombeau où il se met à pleurer son ami. Il fait ensuite rouler la pierre fermant le tombeau et interpelle le mort qu’il rappelle à la vie.
Origine du pélerinage :
Godefroy de Bouillon (ou un autre croisé Geoffroy Martel) aurait fait parvenir des reliques à sa mère, Ide de Boulogne laquelle aurait pleuré Jésus. Cette nourrice était originaire d’Allouagne ou serait venue y habiter.
Un pèlerinage est ainsi né au Moyen Age et très fréquenté au point qu’Allouagne a été surnommé le village de la Sainte Larme.
Les gens venaient parfois de très loin pour confier à Dieu leur misère en particulier ceux qui souffraient de cécité et pour certains demander une guérison. Le pèlerinage a connu un nouvel essor au XIXème siècle. Sa notoriété était suffisante pour que Flaubert en fasse mention dans « Bouvard et Pécuchet ». Pour le pèlerin d’aujourd’hui, la question de l’authenticité de la relique est importance réelle, au mieux c’est un petit caillou qui viendrait du pays où vécut Jésus.
Extrait des archives paroissiales :
« Le 15 août 1937 Mr le curé fit part à ses paroissiens d’un projet de construction d’une chapelle en l’honneur de Notre Dame de Lourdes. Un terrain tout à fait propice a été donné par Melle Marie Duquesne. Pour trouver les fonds nécessaires, Monsieur le curé fait appel au concours de tous ses paroissiens.
-Le 15 août il a demandé 8000 francs, le 1er septembre il en avait 15000, pour arriver à 20 000 en octobre et à 26 000 en mars. Cet enthousiasme de la population a encouragé Monsieur le curé à faire quelque chose de très beau. IL demanda le concours d’un architecte : Monsieur Pierre Ducordeaux de Béthune. Mais la dépense totale a été de 42 000 francs. Mme Decroix sollicitée par Mr le curé, lui remis sur le champ la somme de 12 000 francs. Il restait encore à trouver 4000 francs que Monsieur le curé a demandé à tous les paroissiens. Le jour de Pâques, la quête a rapporté la somme de 4363 francs. »
Tous les travaux ont été réalisés par des artisans d’Allouagne ;
Maçonnerie : Jean-Baptiste et Louis Fontaine
Charpente et menuiserie : Léon Fontaine
Couvreur : Benoit Creuson
Zingueur et plombier : Paul Denissel
Ferreur : Alfred Bavencoffe
Carreleur : Jules Fontaine
Cimentier : Maurice Carlier
Description de la chapelle par un témoin de l’époque.
« C’est un petit sanctuaire en rotonde, surmonté d’un dôme avec au faite une lanterne d’où s’élance une croix ajourée. Le mur circulaire, agrémenté d’arceaux, terminé en corniche est renforcé par trois faces en saillie réhaussées chacun d’un pignon triangulaire ; dans la principale, s’ouvre la porte double où s’harmonisent le chêne et le sapin ; les deux autres, latérales encadrent un vitrail. De part et d’autre de l’entrée, on peut voir deux vitraux plus petits. Comme le sommet des baies s’arrondit en un arc plein cintre, l’ensemble de la chapelle fait songer aux baptistères romans. C’est à la fois solide, léger et gai : le jaune varié des briques s’accorde gentiment avec les ardoises bleues. L’intérieur est ravissant. La douce lumière des verrières se diffuse discrètement sur la blancheur de la paroi. Tout là-haut, les quatre petits vitraux ronds de la lanterne jettent dans la pénombre de la coupole les feux du rubis, du saphir, et de la topaze. Cet édifice dressé d’après les plans de Mr Ducordeaux, architecte de Béthune est né de la généreuse reconnaissance des habitants. Il a été bâti, travaillé, amoureusement ciselé et fignolé par les mains expertes d’artisans du pays. Certes, Monsieur l’abbé n’avait pas rêvé d’un si beau monument, mais la générosité des familles qui toutes participèrent aux frais… à part quelques rares exceptions… l’incita à réaliser ce chef d’œuvre. »
Pourquoi cette chapelle s’appelle aussi la chapelle de la miraculée ?
En 1939, Mme Jules Breton, née Héloïse Rose, âgée de 37 ans, déclarée incurable, dans un état de santé désespéré – elle ne pesait plus que 32kg – partit le mardi 20 juin 1939 alitée à Lourdes malgré tous les avis médicaux… 2 jours plus tard, lors de la procession du Saint Sacrement, se sentant mieux elle voulut descendre de sa couchette. Le lundi suivant, cinq médecins du bureau médical constatèrent que désormais elle ne souffrait plus et s’alimentait normalement.
A son retour, une grande foule l’attendait à l’église d’Allouagne ; de là elle partit à la chapelle remercier Notre Dame pour sa guérison. Du fait de la guerre, elle ne put retourner à Lourdes l’année suivante et faire constater sa complète guérison. Elle a vécu de très longues années… La chapelle Notre Dame de Lourdes fut dès lors appelée « la chapelle de la miraculée » par nombre d’habitants d’Allouagne (source orale).
Au cours de la guerre 1914/1918, Allouagne fut la première commune de la zone de l’arrière qui eut le privilège de ne pas devoir être évacuée bien qu’elle se trouvât à un certain moment à moins de 10 kilomètres des lignes du front. Le village servit de lieu de cantonnement pendant toute la guerre aux troupes anglaises montant et descendant des lignes. Environ 80 jeunes gens de la commune ont été tués ou sont morts des suites de blessures reçues ou de maladies contractées au cours des hostilités. Frédéric Poiriez fut le premier garçon d’Allouagne tué à la guerre, une rue porte son nom.
Le manoir, de style flamand, se trouve au Bout’Zeur rue du Général Leclerc.
Construit en pierres blanches, il porte sur un pignon extérieur un « blanc » daté de 1661. On peut supposer que c’est sa date de construction. Sur cette même façade un autre gros « blanc » en forme de losange porte la date de 1920, c’est la date de la dernière restauration.
Ce manoir est le quatrième côté d’une grande ferme formant un carré. Les 3 autres côtés, de construction plus récente sont en brique et en pierre, dit rouge-barre. Dans une partie de ces bâtiments se trouve la salle des fêtes.
La façade de la rue est percée de 4 fenêtres à colonnettes et d’une grand’porte en cintre surbaissé sous archivolte ancrée de 3 fleurs de Lys.
La façade donnant sur le jardin a pour particularité de présenter des pierres de l’ancienne église qui ont été encastrées dans le mur, comme une clé de voûte et une frise. L’une d’elle comporte 2 écus dont le style semble indiquer la date de 1400. Il est à peu près certain que cette maison n’a appartenu qu’à deux familles :
D’abord la famille Crépin, puis à la suite d’un mariage, la famille de L’Orne d’Alincourt.
A la révolution, Louis de L’Orne d’Alincourt n’a pas voulu émigrer, préférant rester au milieu de la population du village qui le soutenait et protégeait sa famille. Dénoncé pendant La Terreur, il a été arrêté, emprisonné à la prison de Béthune et guillotiné à Arras en 1794. Sa femme elle aussi emprisonnée a été épargnée car elle était enceinte. Elle vécut jusqu’en 1856.
Casimir et Marie-Hermine de l’Orne d’Alincourt sont les derniers occupants de ce manoir. Depuis 1972, cette propriété appartient à la commune d’Allouagne qui l’a acquise pour le prix de 95 000 Francs.
Pendant la guerre 1914-1918, des soldats anglais ont séjourné dans le manoir. De nombreux graffitis sont encore bien visibles, témoignage de leur passage dans ce lieu.
L’actuelle Mairie est un bâtiment beaucoup plus récent, très certainement de la seconde partie du XIXème. Cette maison dite Le Château n’a pas toujours été occupée par la famille d’Alincourt, à une époque, elle a même été louée.
Et le souterrain ? Pendant la seconde guerre mondiale, les soldats allemands ont entrepris de faire creuser un abri souterrain dans le parc. Celui-ci a été creusé par des ouvriers mineurs réquisitionnés, de même, ce sont les fermiers du village qui ont été contraints de transporter la terre. En partie effondré, ce souterrain a été rebouché dans les années 1980.